Archive for the 'dina; vierny;' Category

06
Avr
10

1600 € pour une paire de chaussures de poupées

Parmi les résultats remarquables de la vente de la collection Dina Vierny, on notera la lot 133, une paire de chaussures à talon en cuir brun marquées en bleu « Huret à Paris ». Long. 5,5 cm

Les enchères décuplaient l’estimation pour atteindre 1600 €, soit 1887 € frais compris

Collection Dina Vierny - lot 133

Galerie de Chartres le samedi 27 mars 2010 - Collection Dina Vierny - lot 133

27
Fév
10

Jean-Pierre Lelièvre raconte Dina Vierny, collectionneuse de poupées

détails des lots 67, 68 et 69 de la vente du 27 mars 2010 à la Galerie de Chartres

Dina Vierny fut une familière de la Galerie de Chartres. Les collectionneurs se souviennent de sa participation enthousiaste aux ventes spécialisée de poupées, automates et jouets. Sa « campagne », était à une demi-heure de Chartres.

Elle fut une amie auprès de qui j’ai beaucoup appris. Je me permets d’employer ce mot car elle-même l’employait. C’était une grande dame avec un caractère fort et profondément bon.

Curieuse de tout, elle avait une collection de vitraux qu’elle nous a confiée il y a un an, juste avant de mourir.

J’ai suivi les difficultés qu’elle a dû surmonter avec ses deux fils pour que sa fondation puisse ouvrir le musée Maillol.

En l’absence du soutien des banques et des pouvoirs publics, elle a dû se séparer dans les années 1995 de plusieurs collections dont celle des bébés et poupées. Un musée de la poupée devait coexister dans la cour du musée Maillol, derrière la Fontaine des Quatre Saisons de Bouchardon. Hélas, la France n’a pas eu ce musée de la poupée française.

Et pourtant, elle savait défendre la poupée. Je me souviens d’un déjeuner en compagnie d’experts, notamment en tableaux anciens et modernes qui « ricanaient » et se moquaient des collectionneurs de poupées. Elle leur cloua le bec comme elle savait si bien le faire. Je ne me souviens plus des paroles exactes, mais j’ai toujours la musique des mots en tête et les paroles auraient pu être les suivantes :

« Ce qui m’intéressait, c’était de montrer que la poupée est une œuvre d’art. Il m’a fallu des années pour comprendre que ça l’était, au fil des ventes aux enchères en France, en Allemagne, en Angleterre, où je découvrais de véritables merveilles. Le jouet depuis toujours accompagne l’être humain. C’est un témoin social. Il peut être une véritable sculpture aussi, ciselée, peinte et habillée avec amour et parfois avec du génie. Je suis la première à en avoir parlé et à l’avoir exposé dans des musées. Je veux dire dans des musées autres que les musées de poupées existant. Non, la poupée peut être sublime, peut être une œuvre d’art absolue. Et j’ai réuni une collection qu’on jugeait la plus belle du monde, avec des objets d’une rareté extraordinaire, mais surtout, d’une très grande beauté artistique. Les Rembrandt et les Renoir des poupées ! Et j’ai dû, la mort dans l’âme, disperser cette collection. Plus de mille poupées ! »[1]

Mais elle avait gardé un jardin secret : « ses infiniment petits » : « J’ai conservé les tout petits sujets avec lesquels j’ai commencé. Parce qu’il y a un commencement à tout vous savez. On n’entre pas directement dans la collection, on y entre par toutes sortes d’accidents, j’ai toute une ville de poupées encore. »1

Dans son appartement exigu au dessus du musée, elle a donné vie à des scènes fascinantes en disposant ces milliers d’accessoires dans des placards spécialement aménagés sous la charpente, dans les murs, ou sur des étagères de fortune qui ont fini par envahir l’univers intime de Dina Vierny. De part et d’autre de son lit, une fois passées les piles de livres d’art, le royaume de la poupée reprenait ses droits.

Il s’agit de plus de vingt mille objets, mobilier, maisons de poupée, petits détails qu’elle avait réunis un à un pour recréer dans les trois pièces contiguës à sa chambre et à son bureau de la rue de Grenelle, « sa ville », son univers « ses infiniment petits ».

Chacun des ensembles évoquait une période passionnante de sa vie : la menuiserie était certainement celle de son oncle à Odessa ; la cuisine rappelle celle d’Aristide Maillol dans son mas de Banyuls ; sa plus exceptionnelle création, « Chez Maxim’s » avec les salons,  les cuisines et l’arrivée des attelages, rappelle son goût de la vie et son rire inimitable. Enfin, telle paire de lustres en bronze doré et verre rappelle son goût de la qualité, telle gousse d’ail miniature qu’elle avait repérée et achetée chez nous, il y a vingt ans, rappelle sa curiosité et les nombreux petits silex qu’elle ramassait et qu’elle peignait pour recréer les quartiers de viande du boucher rappellent qu’elle fréquenta les surréalistes parisiens.

Cette « ville » va aujourd’hui rejoindre d’autres collections. Les heureux futurs dépositaires de ces objets, se souviendront qu’ils ont tous une âme, du plus petit au plus cher d’entre eux.

Les pièces vides de l’appartement vont maintenant accueillir la riche documentation du musée Maillol. Que ses deux fils, Olivier et Bertrand, soient remerciés pour le témoignage de leur confiance et de leur amitié en me confiant la dispersion de la collection la plus intime de leur mère : Dina Vierny.

Jean-Pierre Lelièvre
Commissaire-Priseur

Reconstitution d'une composition conçue par Dina Vierny, elle-même


[1] Alain Jaubert, Dina Vierny, Histoire de ma vie racontée à Alain Jaubert, éd. Gallimard Témoin de l’Art, octobre 2009.

17
Fév
10

Mrs Dina Vierny, a personality

Great personalities never stop surprising us. Mrs Dina Vierny belongs to this category of outstanding people.

Dina Vierny – a lady of the 20th century – was born by the Black Sea during the Russian Revolution 1919. Very soon, her family fled Staline and Dina never stopped fighting against this regime with ever renewed energy all along her life. In Paris, her city of adoption, she meets, at the age of 14, the left wing liberal intellectuals and very young she denounces the horror of the Iron Man’s regime.

Soon she meets poets and writers who introduce her to the major 20th century designers. In 1934, Dina Vierny meets Aristide Maillol who becomes her Pygmalion. Dina Vierny is only 15 years old and although the artist is 73, a fruitful collaboration begins. Dina Vierny is a choice model. Cultivated, very free as regards nudity and avant-gardiste towards Art. Maillol speaks highly of the merits of his model and introduces her to his friends Matisse and Bonnard, who also use her as a model for her shapes.

During the war, she continues her struggle for art  in contact with André Breton’s surrealists in Marseilles, and for freedom by helping resistants to flee to Spain. She is arrested and jailed for six months in Fresnes before being released thanks to the mediation of Maillol.

In 1947, on the advice of Matisse, Dina Vierny opens her own Art Gallery 36, rue Jacob, where she introduces Russian artists such as Serge Poliakoff, members of the Cobra   Group or photographers.

When in 1964 the donation of Maillol’s imposing sculptures are installed in the Tuileries Gardens by Malraux, Minister of Culture, Dina decides to launch her Foundation project.

Dina Vierny went through many a trial in her life which could have drowned many a one, but the trial of her life, her great project, for her posterity, was the launch of the Dina Vierny Foundation – the Maillol Museum – rue de Grenelle in Paris.

Naturally optimistic, a fighter, this lady never hesitated to say that this project was « superhuman, probably impossible….»; But she finalized    it. She sacrificed much time and energy  together with her children Olivier and Bernard, to impose as from 1995, what is today, in Paris, a worldwide and renowned Modern Art Museum.

Dina Vierny knew Renoir and Van Dongen. She was a friend of Picasso and Dufy. She also met other artists such as Vuillard, Duchamp-Villon, Saint Exupéry, Antonin Arthaud, Jean Pougny and all those she displayed in her Gallery.

Behind this very determined lady, hid a persevering collector full of wisdom and love. “ I have been collecting since the age of fourteen. My love and my understanding of all objects come from the surrealists. They opened my eyes on many things. It is the understanding of dreams and I have become a talented dreamer. So it is evident I would get on so well with the surrealists. I am interested and attracted to unusual objects. The strange object which is out of the ordinary, and which cannot be used for anything, is for me. I also have beautiful objects that are useful. For me, objects are characters; I consider them like human beings” she used to say. At 14 it started with antiques, then carriages, autographs and even stain glass windows, but the which haunted Dina Vierny. “There is no single object that has not been reproduce in miniature for dolls» said Dina Vierny.”

From the middle ages castle to the restaurant «Chez Maxim’s », from a church, to kitchens, to groceries, gardens, and drawing rooms, full of wooden dolls, mignonettes and beautiful Parisian dolls, in the middle of horse-drawn coaches and animals, nothing is missing in the ‘city’ she collected.

Behind this magnificent collection, look for the tender far-away moments of evasion of this little lady whose great personality defended both freedom and intelligence.

1 Alain Jaubert, Dina Vierny, Histoire de ma vie  racontée  à Alain Jaubert, Ed.Gallimard Témoin de l’Art, October 2009.

The Small secret world of Dina Vierny
Dolls, dollshouses and accessories Auction

Sale at Galerie de Chartres
Saturday, 27th march 2010

15
Fév
10

Jean-Pierre Lelievre telling Dina Vierny, dolls collector

Dina Vierny was an habitué of the ‘Galerie de Chartres’. Collectors will remember her enthusiasm when she participated in auctions specialising in dolls, automata and toys. Her country house was half an hour’s drive away from Chartres. She was a friend I learnt a lot from. I can say this because she said the same thing.

She was a lady of strong character but she was a very good person. Curious of everything, she owned a collection of stained glass windows which she entrusted to us a year a go, just before passing away.

I was a witness to the difficulties, she and her two sons had to surmount to enable her foundation to open: the Maillol Museum. Without the backing of Banks or state funding, she was obliged to sell several collections during the 1995 years, of which a doll and a baby­‐doll collection.

A doll’s Museum should have coexisted in the Maillol Museum‘s courtyard behind Bouchardon’s Four Seasons Fountain». What a shame France never managed to have this French Dolls’ Museum.

And yet, she knew how to defend dolls. I remember a lunch with various experts, notably old and modern paintings experts who ‘laughed’ and mocked doll collectors. She cut them short as she knew so well how to….

I don’t remember the exact words, but I still have the music of the words in mind and the words could have been : «What I wish to show is that a doll is a piece of art. It took me years and years to understand what it was all about thanks to auctions in France, Germany, and England where I discovered real treasures. Toys have always accompanied mankind. A toy is a social witness. It can also be a real sculpture, chiselled, painted and dressed with love and sometimes with genius. I was the first to speak about it and show it in museum exhibitions. That is in museums other than those specialised in dolls. No, a doll can be sublime, a pure work of art. And I acquired a collection recognised as the most beautiful in the world, including some very very rare objects but above all of great artistic beauty. The Rembrandt and Renoir of dolls ! And I was heartsick when I had to disperse this collection. Over a thousand dolls !»

But she had kept her secret garden: «her infinitely small ones» : «I kept all the tiny subjects I started out with» Because there is a beginning to everything. One doesn’t jump immediately into a collection, one starts due to all sorts of events, I still possess a whole town of dolls».

In her small flat just above the Museum, she had composed fascinating scenes of life by organizing these thousands of accessories in specialy designed cupboards under the roof, on the walls, or on haphazard shelves that all finally invaded Dina Vierny’s intimate universe. On either side of her bed, just behind her stacks of books, the doll’s kingdom was king.

We are speaking of over 20.000 objects, furniture, dolls houses, small details she had collected one by one so as to recreate in the three rooms next to her bedroom and her office of the rue de Grenelle, her town, her universe of the infinitely small…

Each unit describes a fabulous period of her life : the woodwork was certainly that of her uncle’s at Odessa ; the kitchen reminds one of Aristide Maillol’s kitchen in his Mas (Farmhouse) in Banuyls ; her most exceptional item «Chez Maxims’» with its drawing rooms, kitchens, carriages, all remind us of her exquisite taste and her incomparable laugh.
Finally, a pair of gilded bronze and glass chandeliers underline her taste for quality, a miniature garlic clove she had spotted and bought in one of our auctions over twenty years ago reminds us of her curiosity and the numerous little silex stones she used to pick up and paint to create pieces of meat remind us that she used to frequent the parisians surrealists.

This «town» will now merge into other collections.

The future happy owners will remember that they all have a soul, from the smallest piece to the most expensive.

The empty rooms of the flat will from now on shelter the Maillol Museum’s very rich documentation.

May her two sons, Olivier and Bertrand, be gratefully thanked for their trust and friendship in allowing me to disperse the most intimate collection of Dina Vierny : their mother.

Jean­‐Pierre Lelièvre
Auctioneers

Auction in Chartres, Saturday 27th March

Location :
Galeries de Chartres
7, rue Collin d’Harleville
28000 Chartres – F rance

Viewing Times
Friday March 26th ; from 2 p.m. – 10 p.m.
Saturday March 27th, from 9 am – 12 p.m.

04
Fév
10

Madame Dina Vierny, une personnalité

Dina Vierny et Aristide MaillomLes personnages de caractère ne finissent jamais de nous étonner. Madame Dina Vierny avait cette personnalité.

C’était une femme du XXe siècle. Enfant de la révolution russe, elle naît en 1919 sur les bords de la Mer Noire. Rapidement, sa famille fuit le stalinisme qu’elle combattra avec la plus fervente ardeur tout au long de sa vie. A Paris, sa ville d’adoption, elle rencontre dès l’âge de 14 ans les milieux intellectuels de la gauche libérale et dénonce très tôt l’horreur du régime de l’homme d’acier.

Elle fait très rapidement la connaissance de poètes et d’écrivains qui l’introduisent auprès des grands plasticiens du XXe siècle. En 1934, Dina Vierny rencontre Aristide Maillol qui deviendra son Pygmalion. Dina Vierny n’a que 15 ans et bien que l’artiste soit âgé de 73 ans, une fructueuse collaboration commence. Dina Vierny sera un modèle de choix. Cultivée, elle est aussi libérée quant au nu et avant-gardiste dans l’art. Maillol vante les mérites de son modèle et la présente à ses amis Matisse et Bonnard, à qui elle prête également ses lignes.

Durant la guerre, elle mène ses combats, pour l’art au contact des surréalistes d’André Breton à Marseille, pour la liberté dans les réseaux de passage de résistants vers l’Espagne. Arrêtée, elle est emprisonnée six mois à Fresnes et libérée grâce à l’intervention de Maillol.

En 1947, sur les conseils de Matisse, Dina Vierny ouvre sa galerie au 36 rue Jacob, où elle fait découvrir les artistes russes comme Serge Poliakoff, des membres du groupe Cobra ou des photographes. C’est après la donation en 1964 des imposantes sculptures de Maillol placées dans le Jardin des Tuileries par Malraux, alors ministre de la culture, qu’elle entreprend son projet de fondation.

Dina Vierny aura donc traversé des épreuves qui en auraient abattu plus d’un, mais l’épreuve de sa vie, son grand projet, sa postérité, elle le réalise dans la création de la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol, rue de Grenelle.

Femme d’un naturel optimiste, battante, elle n’hésite pas à dire que ce projet est « surhumain, du domaine de l’impossible[1] ». Mais elle l’a réussi. Elle a sacrifié beaucoup de temps et d’énergie aux côtés de ses enfants Olivier et Bertrand, pour imposer depuis 1995, ce qui est devenu aujourd’hui un musée d’art moderne de référence à Paris.

Dina Vierny a connu Renoir et van Dongen. Elle était amie de Picasso et Dufy. Et, elle a côtoyé tant d’autres artistes comme Vuillard ou Duchamp-Villon, Saint-Exupéry et Antonin Arthaud, Jean Pougny et tous ceux qu’elle a exposés dans sa galerie.

Derrière cette femme déterminée, se cachaient aussi la sagesse et la tendresse d’une collectionneuse assidue. «  Je collectionne depuis l’âge de quatorze ans. Mon amour et ma compréhension des objets viennent des surréalistes. Ils m’ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses. C’est l’apologie du rêve et moi je suis une rêveuse éveillée. Alors, ça ne pouvait que marcher très bien avec les surréalistes. Je suis intéressée et attirée par l’objet insolite. L’objet étrange qui sort de l’ordinaire, qui ne sert absolument à rien, c’est pour moi ! J’ai aussi des objets utilitaires qui sont tous beaux. Pour moi, les objets ce sont des personnages, je les considère comme des êtres vivants.[1] » disait-elle.

Cela a d’abord été les antiquités dès l’âge de 14 ans, puis les attelages, les autographes ou encore les vitraux, mais le monde des poupées est sans doute la collection qui révèle le mieux la part de sensibilité qui pouvait habiter Dina Vierny.

Dans son appartement exigu au dessus du musée, elle a donné vie à des scènes fascinantes en disposant ces milliers d’accessoires dans des placards spécialement aménagés sous la charpente, dans les murs, ou sur des étagères de fortune qui ont fini par envahir l’univers intime de Dina Vierny. De part et d’autre de son lit, une fois passées les piles de livres d’art, le royaume de la poupée reprenait ses droits.

Derrière cette extraordinaire collection, veuillez voir la douceur des moments d’évasion de cette petite dame au tempérament farouchement défendeur de la liberté et de l’intelligence.


[1] Alain Jaubert, Dina Vierny, Histoire de ma vie racontée à Alain Jaubert, éd. Gallimard Témoin de l’Art, octobre 2009




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